Atelier théorique

Claire Scopsi

Documentation et valorisation des témoignages

DOI:10.34847/nkl.97d2rinc

12 avr. 2021 · 14h-15h30 · online

Claire Scopsi

Claire Scopsi

Présentation

La pratique des entretiens enregistrés et filmés est déjà ancienne (en France, les archives de la parole datent du début du siècle). Les enregistrements de témoins sont effectués par des différents acteurs dans des circonstances diverses, sans que les différences soient toujours très perceptibles. En effet, au-delà du dispositif technico-spatial et de la thématique de l’entretien, ce sont les statuts respectifs du “témoignaire” et du témoin, ainsi que les objectifs visés qui déterminent la préparation, le déroulement, le traitement et le devenir des entretiens.

Plusieurs types de contextes de témoignage révèlent différentes méthodologies : le documentaire, le récit de vie, l’entretien en histoire contemporaine, en anthropo-sociologie ou en linguistique.

Claire Scopsi est MCF HDR en sciences de l’information et de la communication au CNAM (Paris). Elle est co-responsable de la thématique “Éditorialisation, patrimones, autorité” du laboratoire Dicen-IdF.

 

Vidéo

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Minutes de l'atelier

FPLab Atelier théorique - 12 avril 2021

Documentation et valorisation des témoignages, avec Claire Scopsi

Méthodologies de collecte d’entretiens de mémoire

Approche SIC empruntée à l’anthropologie (?)

Observer comment les gens faisaient des entretiens.

travail sur l’identité des communautés immigrées. Comment faire mémoire. Identité collective à partir des mémoires

Place privilégiée des témoignages oraux dans ces mémoires

S’appuie sur les travaux de FLorence Descamps Travail avec des archivistes oralistes.

Différentes méthodologies de collecte des entretiens oraux. Préoccupation principale : il-y-a, avec des dispositifs similaires, des manières différentes de collecter des entretiens.

Puis, mise en pratique.

Typologies d’inscription de la parole

Pourquoi on enregistre ? Retour historique emprunté à Florence Descamps

Enregistrer un témoin est un acte scientifique banal, pratiqué dans bcp de disciplines, notamment anthropo, socio, éthnométhdologie, ethnomusicologie.

Recueil de données, mais l’acte ne va pas de soi.

L’arrivée de la vidéo numérique (2005-2006) a complexifié les choses (paradoxalement..)

Organisation de premiers ateliers : beaucoup de participants se plaignaient de témoins qui étaient mécontents de leurs enregistrements, voire interdisaient leur réutilisation. Plus sensible chez les documentaristes, moins chez les archivistes qui ont sans doute développé des méthodes et des protections.

Un témoin mécontent est un témoin qui a été martyrisé. Comment éviter ces situations ?

Partir d’un ensemble, d’un corpus avec la situation suivante :

Catégorisation en fonction du contenu (thématique du témoignage). Mais en fait, ce n’est pas tant le contenu et la discipline qui caractérise la pratique, que de l’objectif du témoignaire et du statut du témoin. Et objectif de valorisation et de documentation.

Distinction sur les formes plutôt que sur les contenus.

Typologie des logiques d’inscription de la parole.

Au commencement, l’archive orale. Enregistrer ceux qui n’écriront pas, remplacer la mise en mémoire par écrit par l’enregistrement est une tradition ancienne.

Fin XIXe: enregistrement de témoins aux US en manuscrit Archive orale: tradition du début du XXe siècle Ferdinand Brunot enregistre entre 1911 et 1914 des chansons, des dialectes, des contes, dans le cadre des «études folkloristes». Cylindres numérisés par la BnF et écoutables aujourd’hui. Enregistrement également de parlés africains en enregistrant deux jeunes hommes angolais émigrés en France en 1914. Premier exemple en France de collecte de témoignage d’immigré.

Ces pratiques questionnent le statut des témoins. Deux témoins dont on ne donne pas le nom. Qui sont là pour ce qu’ils représentent. Certains personnes, encore aujopurd’hui considèrent qu’il n’est pas utile de faire signer des droits de diffusion à leurs témoins que ce soit dans le cadre d’enregistrements ou de prises de vue.

Dans les années 30, évolutions technologiques. Fondation d’un institut à la Columbia Universiy

méthodes journalistiques pour interviewer des grand personnages : enregistrements d’archives sonores de témoignages de grands personnages.

En France l’histoire orale s’est pratiquée autour d’enregistrements des grands corps d’état (hommes politiques, personnels ministériels, banques, préfectures), conservés aux archives nationales, à la BNF.

«Archives orales par le haut» F. Descamps.

Ecole de Chicago

entame un travail sur les communautés immigrées → histoire sociale par le bas : femmes, ouvriers, immigré·e·s, etc.

Histoire des mentalités, micro-histoire, histoire populaire des courants de pensées, histoire du travail, etc.

On justifie l’utilisation de l’enregistrement oral par le fait que ces populations écrivent peu.

Public History (Raphael Samuel) en Angleterre dans les années 60.

Sorte d’université populaire, cours du soir pour les travailleurs pour se former et suivre des études théoriques. Les étudiant·e·s étaient amenés à faire des travaux de recherche dès la première année : sur leur environnement social, leur usine, etc.

Initie une histoire du féminisme, histoire des quartiers, etc.

Initie ainsi ce que seront les différentes studies

Enregistrement des procès nazis

Ouvre le questionnement en Histoire: est ce qu’on peut faire de l’histoire à partir d’enregistrement de témoins ? Que faire de l’émotion des témoins ?

en France, on va défendre de ne pas utiliser l’enregistrement des témoins, notamment avec Paul Ricoeur: Une archive doit être écrite, la parole doit être séparée de son auteur.

Ailleurs, en Italie, en Allemagne, on va au contraire utiliser l’archive orale pour comprendre l’adhésion des populations aux idéologies fascistes.

Utilisation scientifique d’archives orales, conservées sur le long terme. C’est la destination et l’objectif de valorisation qui distingue une archive scientifique.

Les archives orales sont constituées par des archivistes avec l’intention de les conserver advitam. Conservation à destination des générations futures. Il s’agit de restituer précisemment les contextes qui entourent l’enregistrement.

Récit de vie

Alex lainé (Faire de sa vie une histoire)

Pratique clinique d’enregistrement de témoin, à visée thérapeutique. Le témoignaire est psychologue et il fait parler un patient, qui se trouve dans une situation critique.

Le récit de vie conduit cette personne à faire un bilan.

Entretien (témoignaire psychologue) et/ou rédaction par le témoin d’un ouvrage/monographie. En exprimant son parcours, il s’agit de le remettre en perspective et de prendre du recul sur le présent.

Problématique: le récit de vie devenait la recherche. Bourdieux s’y oppose pour l’illusion biographique du récit de vie. Régine Robin également : la chronologie donne l’impression que toute la vie d’une personne est conditionnée par son origine et son parcours. Sorte de déterminisme de l’origine.

Forme de genre: clichés de vie

Au contraire, d’autres chercheurs vont l’utiliser, Daniel Berteaux par exemple, pour la mise en évidence des lignées et des transmissions familiales.

Journalisme

On retrouve le même dispositif de témoin/témoignaire/dispositif d’enregistrement.

mais la temporalité est particulière: tout va très vite, objectif d’efficacité.

un journaliste sait toujours ce qu’il veut faire dire au témoin. Le journaliste cherche à illustrer une idée/une information.

Diffère d’une archive orale, où le témoin n’a pas le même statut, où le témoignaire n’a pas une idée préconçue de ce qu’il veut entendre/recueillir.

Juges

doit faire émerger des témoignages développement du récit de témoins à partir des années 80, notamment à partir des procès filmés et du film Shoah.

Aboutit à une libération de la parole des déportés et à bcp de projets d’enregistrements de témoins.

54K vidéos via la Shoah Fundation de Spielberg ou encore le mémorial de la Shoah en France

Trois modèles: Preuve (vérité) / Medium (communication) / Index (trace)

Trois Modèles dans lesquels on peut se positionner très simple

Preuve-source : enregistrement pour faire de l’histoire ou de la science: apporter une preuve pour en faire une théorie

Medium: paradigme de la communication quel est l’effet qu’obtient le témoin en parlant sur les gens qui vont écouter le témoignage: est ce que le témoignage est fait pour transformer le monde ?

Index: paradigme de la trace

sans objectif très défini, mais faire en sorte que ca ne se perde pas.

Questions

comment être sur que ce qui est témoigné a une source fidèle et n’est pas mélangé avec les émotions.

Tout témoignage comporte une part d’émotion, d’erreur, éventuellement de la manipulation. Faire avec: méthode pour que les personnes progressivement ôte le masque.

Récit de vie à vocation thérapeutique: utilisation du récit de vie en SIC ? risque d’appropriation d’une discipline (psycho)

Alessandra Sartorio: Est-ce qu’il faut respecter une progression dans la préparation d’une interviewe, une progression dans l’intensité des questions, du général au particulier? Autre? Quel type de questions il faut absolument poser ou absolument pas poser?

Christina Dumetz : Après les (2 à 3) “prétests”, combien de temoignages faut’il pour que le résultat soit significatif pour une sérieuse recherche (pour sa thèse)?

Julie Feltz Faut-il toujours anonymiser les entretiens ? Je travaille sur des entretiens avec des artistes et dans ce cas il me semble qu’il y aurait un intérêt à ce que leur parole soient identifiées, puisqu’il faudrait ensuite faire le lien avec leur travail artistique…

Azin Mohammadali-doctorante HAR/ED 138 J’ai une question sur la traduction des témoins. C’est-à-dire comment possible publier ou traduire le discours sans détourner l’idée ou être fidèle au témoignage ?

autres

Anne-Laure Stérin sur le droit des témoins (co-auteur témoins et témoignaires)

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