Atelier théorique

Cyril Isnart

La participation en pratique. Une généalogie intellectuelle et deux expériences

DOI:10.34847/nkl.b8d3e4gq

7 juin 2021 · 14h-15h30 · online

Cyril Isnart

Cyril Isnart

Présentation

À travers un retour sur l’apparition de la participation dans son parcours de recherche et l’exposition de deux expériences récentes prennant la participation au mot, Cyril Isnart nous a proposé une lecture critique et engagée du concept et de la pratique de la participation.

Il a dans un premier temps exposé comment la notion s’est imposée, dans les années 2000, aux milieux patrimoniaux et académiques dans lesquels il travaillait. Il a ensuite présenté les enseignements tirés d’un atelier interne du Mucem, mené en 2020 et consacré aux pratiques participatives et collaboratives dans les musées de société, ainsi qu’un programme de recherche qui met la participation au travail, de manière littérale et réflexive. Ces trois lignes, personnelles et peut-être arbitraires, ont permis de poser quelques principes sur la participation en pratique, en dégageant certaines forces et certaines difficultés qui caractérisent les usages de la notion.

Cyril Isnart est anthropologue au sein de l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative à Aix-en-Provence, spécialiste des résurgences patrimoniales de traditions musicales et religieuses en Europe du sud et en Méditerranée, et au Mucem, Département Recherche et Enseignement.

 

Vidéo

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Minutes de l'atelier

FPLAB - Atelier théorique - 7 juin 2021

La participation en pratique. Une généalogie intellectuelle et deux expériences, avec Cyril Isnart

Comment la participation a changé les objets de recherche :

1ere phase

EN 2005: travail de terrain et en archive. Vallée de la Roya, déjà un lieu de passage et de migration

Sur les traces de Bernard L. Jacob (ethno-musicologie à Nanterre). Ce qu’il reste sur le terrain des pratiques décrites par BJacob

2006: sauvegarde du patrimoine immatériel : participation et inclusion des porteurs de patrimoine dans le processus de conservation et classification des patrimoines immateriels: principe du bottom-um

2005: convention de Fargo: mise au centre de la société qui doit valider la conservation du patrimoine.

Séminaire centré sur le patrimoine immatériel et sa mise en oeuvre.

MCC: fin de la mission du patrimoine éthnologique: système de favorisation des recherches ethno au sein du MCC qui se transforme en instance de mise en oeuvre de la convention sur le patrimoine immatériel.

Travail avec Chiara sur le terrain de la vallée de Roya (?) pour la production de fiches Mise en place de la participation avec les acteurs locaux.

Blog PCI ICH: travaille sur ces questions de participation, de patrimoine immatériel,

La participation existe déjà dans diff. couches épistémologique:

Héritage dans les années 2000 pour se saisir de la participation.

2eme phase

départ au Portugal pour 5 ans avec un projet de valorisation d’un chant polyphonique (festival, érudits, etc.)

Mais résistance très forte à l’idée de rentrer dans le patrimoine immatériel. Raison:

par contre les associations locales et nationales vont s’investir fortement dans ce patrimoine immatériel.

Interprétation de la convention: Ceux qui doivent porter les projets de classements au PI, ce sont les collectivités territoriales.

Le chant est finalement inscrit en 2014 au patrimoine de l’unesco.

Apport théorique de cette deuxieme phase

la participation, en tant qu’elle est fabriquée par l’institution culturelle, est une alternative à l’ethnographie scientifique. Va de pair avec l’anthropologie contemporaine: entre l’action culturelle et l’anthropologie

la participation est vue comme une nouvelle chance (?): nouvelle fonction sociale du monde culturel. Les institutions vont trouver un novueau sens et une nouvelle fonction dans la société:

Phase 3: collaboration avec le Mucem

impliqué dans la vie scientifique du Mucem, recherche et enseignement. Actualité curatoriale à son arrivée: fabrication de la participation (?) avec 2 expos:

  1. Mémoire des luttes contre le VIH Sida: mise en scène de la lutte et de la mise en mémoire.
    • Le musée met en place un groupe de 40 personnes de la société civile liées à la lutte contre le sida qui forme un comité scientifique pour discuter tous les choix qui feront l’exposition. Enjeux du collectif et du lien avec l’institution culturelle. Création de consensus autour de l’exposition.
  2. Les savoirs-faire des populations des gens du voyage en europe et méditerrannée: comité composé d’une quinzaine personnes des communautés (resp association, resp. lieux cultures, resp. de dispositifs sociaux, chercheurs spécialistes) : fabrication du consensus autour de cette question

Séparation de ces deux projets avec le reste du musée.

Proposition au sein du musée: fabriuer un lieu afin que les personnes concernées par ces initiatives puissent travailler, réfléchir, mettre à plat la question de la participation:

Penser à une application pratique de ces rencontres

Fabrique de fiches pratiques reprenant les éléments de chaque atelier, et ces fiches sont allées rejoindre le vademecum du musée: sorte de mode d’emploi pour la collecte sur le terrain pour enrichir les collections. Le vademecum a donc pris une couleur plus participative qu’auparavant, alors qu’il héritaient des pratiques de collection des arts populaires (plus top-down).

4 questions qui sont ressorties des ateliers :

Une certaine distance entre l’idéal de participation et la pratique.

L’atelier va se transformer, avec de nouvelles journées d’étude.

Appel à collection contributive sur les objets du confinement: 600 propositions d’objets du confinement;

Second projet participatif: Séminaire «Singulier, les objets des minorités en europe et méditérannées».

repose ces mêmes questions sur les objets des minorités autour desqueles se construisent les minorités.

Travail comparatif d’un pays à l’autre.

Réflexion sur Matérialité: comment un objet est vecteur d’identité ?

Démarche participative: association chercheur + membre minorité: choix et présentation d’un objet qui fait sens pour une communauté.

quelques questions:

Enjeux de pouvoir, de réification, de nomination.

Conclusion

la participation:

En tant que chercheur, on se sent obligé d’y rentrer. place des SHS dans les sociétés, a t on le droit de partager nos résultats avec la société, peut-elle critiquer nos résultats.

Il faut participer à la participation, mais c’est très inconfortable: effervescence et difficulté de tous se parler. Mais c’est la seule solution pour comprendre la société. Faire des choses pour faire avancer la compréhension de la société.

Questions

Marta S.:

Sur l’expertise (Tornator): comment faire de la démocratie patrimoniale: dialogue, débat et discussion et mise en commun des arguments: suppose la délibération commune, consensus accepté par tous. préalable: pas d’expertise supérieure à une autre. Donc dans une telle discussion de projet participatif, il faut faire le deuil d’un expert qui sait. Parmis d’autres experts qui ont des savoirs particuliers qui valent autant. mais limite de cette position, c’est que le consensus qui est construit est plus proche du plus petit dénominateur commun que de l’objet final souhaité.

exemple: on risque d’arriver à des résultats qui tombent sous le sens: banalité du résultat consensuel. l’expertise à plat.

L’ouverture permet que chacun s’exprime, mais le résultat ne sera pas à la hauteur du système mis en place. Les moyens justifient une fin pas si intéressante que ça.

autre approche: Si on conserve une figure d’expertise, alors les règles de aprticipations ont leur limite, puis à chacun de vouloir participer ou non.

Valérie Perlès

Toutes les questions dans la cadre muséal se retrouvent dans le PCI.

Hors dans le cadres des écomuses, on avait résolu la question, avec des terrains d’ajustement, mais autour du PCI, on est obligé de tout refaire.

Négociation avec la position d’expert.

le chercheur accompagne la communauté à exprimer sa parole: rend la participation possible, pour éviter la confiscation par des érudit locaux, par des associations/lobbys

chercheur-garde-fou pour créer un espace de réflexivité dans un mécanisme de patrimonialisation

Question du détournement de la patrimonalisation à des fins politiques ou économiques.

exemple des fiches du village: un érudit voulait prendre le pas sur la description du chant.

Nicolas S. exemple vertueux ?

pas de solution miracle qui marche à tous les coups: tient compte du contexte, de l’historicité d’un objet

on est tous dans l’idéologie du projet (Julie Léonard sur la patrimonalisation du fesnoz), mais reconfiguration permanente du projet, la patrimonalisation doit s’adapter à la vie d’un objet culturel.

Nouvelles institutions de la culture populaires suite au PCI. Inventaire nationales + institutions nationales pour donner les instruments de patrimonalisation. Les communautés s’établissent aussi avec ces institutions expertes de la patrimonalisation

Fabrique ‘industrielle’ de la participation

Marta S. - peut-on créer un modèle de participation que l’on peut reproduire ?

Pour les herbonautes: modèle de participation faisant appel à des amateurs botannistes via un community management: recrutement, motivation, récompenses, mais aussi validation par un conservateur: on n’est pas dans la démocratie patrimoniale, mais dans une participation à un projet muséal.

nécessité d’énoncer les règles clairement.

Ouverture de la gouvernance des projets

L’ouverture de la gouvernance a été une des conditions pour que le projet collectif fonctionne.

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